Les Ailes N° 935 du 18 Mai 1939

Les Ailes N° 935 du 18 Mai 1939

 

ESSAIS, A CONSTANTINE, D'UN "POU DU CIEL"

 

    Ils consacrent et récompensent les persévérants efforts d'un jeune constructeur, adepte fidèle de la formule Mignet.

   Un nouveau "Pou du Ciel" vole à Constantine et son constructeur nous dit sa joie de ce résultat.

   Ce constructeur, c'est M. Paul Poinsot qui réalisé jadis une avionnette dérivée du H.M.-8, équipée d'un moteur Anzani et qui promettait... quand elle fut brisée au sol. En une seconde, M. Poinsot perdit le fruit de trois années d'efforts et de privation. Deux mois après, il partait au régiment, se jurant bien de ne plus jamais entreprendre la fabrication d'une machine volante.

   On sait ce que valent ces serments. Libéré, M. Poinsot revint chez lui, retrouva les débris de son avion... et tenta de reconstituer l'appareil. Il y renonça. Au début 1938, cependant, il fut désigné comme conseiller technique et chef d'atelier des "Ailes Populaires Constantines" et là, de concert avec l'un de ses amis, M. Grand, membre, lui aussi, de l'association, il décida de se remettre à l'oeuvre. Fidèle aux beaux principes de Mignet, son choix se porta sur le "Pou du Ciel" nouvelle formule : ailes mobiles et conjuguées, ailes à bord d'attaque rond, ventre au profil plat.

    Le premier clou enfoncé le samedi 2 avril 1938 ; la construction exigea bien des jours et bien des nuits. Enfin, le 30 mars 1939, lappareil était complètement terminé et amené en remorque, derrière une "201", au terrain où l'Aéro-Club lui accorda une bienveillante hospitalité. Les constructeurs avaient fixé au 2 avril le premier essai de l'appareil, ce qui était une excellente manière de fêter le premier anniversaire de la mise en chantier. Hélas ! ce jour-là, il neigeait... à Constantine. On en profita pour fignoler la machine, la régler jusque dans les moindres détails et le jeudi 6 avril, l'essai tant attendu peut être tenté. Le temps est splendide ; un vent très léger souffle du Nord-Ouest. Il est 5 heures du matin. C'est Lucien Sancède, déjà familiarisé avec le "Pou", puisqu'il en a fait voler trois autres, qui s'installe aux commandes. Le Poinsard est mis en route. L'appareil démarre lentement, prend de la vitesse, roule impeccablement queue haute. Au contact du sol, les ferrures des carénages des roues cèdent et il faut déshabiller ces roues. D'autres lignes droites suivent ; à la quatrième, l'appareil décolle avec un léger dandinement causé par le vent de travers. La cinquième ligne droite est faite à 2 mètres de haut. L'épreuve décisive est alors tentée : Lucien Sancède roule cinquante mètres, décolle et monte régulièrement jusqu'à 20 mètres, entreprend un premier tour de piste, puis un second.

   Il faut lire la lettre de M. Poinsot pour comprendre les joies que l'Aviation de l'Amateur réserve à ses adeptes enthousiastes. Le vol de l'appareil que l'on a construit de ses mains compense, d'un coup, dépasse largement toute la peine que l'on s'est donnée, toutes les difficultés qu'il a fallu surmonter. Après ce vol, le pilote repart et en accomplit un autre qui termine la séance. On rentre le "Pou" au hangar et l'on écoute le rapport du pilote.

        "Tout va très bien, mais en vol le manche pousse terriblement dans la main, presque autant qu'au sol. Il faudra remédier à cela. Par contre, côté moteur, bon résultat : la vitesse au badin et de 100km.-h à 1.950 tours, ce qui nous laisse 350 tours de réserve..."

   Les constructeurs sont enchantés. Leur appareil vole... Leur bonheur est immense. Ils vont apporter à la machine les quelques modifications dont ce premier essai a révélé la nécessité, puis on poursuivra la mise au point. "Quelle joie pour nous de pouvoir annoncer aux AILES l'essai heureux de notre "Kissou" !..."

 

BREVE

    LE H.M.-210, pourvu de son certificat de navigabilité C.N.R.A., commence à voyager... officiellement. Invité par l'Aéro-Club de l'Atlantique à se rendre à Nantes, le H.M.-210 a entrepris et réussi ce premier voyage le samedi 6 mai. Piloté par M. Starck, ayant pour passager M. Triou, beau-frère d'Henri Mignet, l'appareil quitta Meaux le matin, s'arrêta à Tours, puis à Angers, où l'équipage déjeuna, et arriva sans encombre à Nantes dans l'après-midi. Le lundi 8 mai, le H.M.-210 prit le chemin du retour et le soir réintégra son hangar de Meaux.

   Contrairement à ce que prétendit un journal du soir, le H.M.-210 ne participait pas au "Rallye du Muscadet" et ne pouvait donc pas se classer dans cette épreuve.